Présent dans le paysage e-Business depuis plusieurs mois, le Web 2.0 rejoint la longue liste des termes informatiques (middleware, portail…) dont les contours restent nébuleux. A travers cette chronique, nous allons tenter de mieux cerner le périmètre de ce que l’on présente pompeusement comme une révolution majeure du Web.
Définitions
Il est difficile de donner une définition précise du Web 2.0 tant ce dernier est assaisonné à toutes les sauces : RSS, réseaux sociaux, Ajax… jusqu’à l’indigestion : référencement Web 2.0, tapage autour de la blogosphère…
Jeff Bezos (PDG d’Amazon) résout le problème en montant d’un cran. Il caractérise le Web 2.0 comme le moyen de « rendre Internet utile ». Cette vision a le mérite de nous focaliser sur ce que nous devons viser en mettant en œuvre ses composantes : améliorons le confort utilisateur de nos interfaces Web (limitées jusqu’à présent à quelques fonctions simples mais pauvres telles que les hyperliens, boutons et champs de saisie), décentralisons la production de contenus, fournissons aux utilisateurs des outils de productivité personnelle…
Quant à Tim O’Reilly, il défend que « Le Web 2.0 correspond fondamentalement à la prise de conscience que nous quittons l’ère de l’ordinateur personnel pour entrer dans l’ère d’Internet ». Derrière cette définition se cachent trois notions fondamentales :
- Le socle technique reste le même que celui du Web classique. Le « 2.0 » ne correspond en rien à un saut de version majeure. Il est plutôt révélateur d’une approche marketing visant à amplifier la « prise de conscience » que l’Internet change nos habitudes en profondeur
- Les utilisateurs d’Internet passent d’un mode passif à un mode actif à travers la participation à des communautés d’intérêt, à la publication de contenu…
- La constitution de réseaux (acheteurs eBay, contributeurs Wikipedia …) à l’échelle mondiale prouve que la fédération de contributions individuelles crée de la valeur
Les composantes du Web 2.0
Afin d’aller plus loin dans la compréhension du phénomène, une dissociation de composantes Web 2.0 semble indispensable. Voici la classification que nous proposons :
- Un socle basé sur l’application de meilleures pratiques en termes d’interface utilisateur et d’utilisation de standards technologiques ouverts
- Trois familles d’applications bâties sur ce socle
Interface « centrée » utilisateur
L’architecture Ajax[ [«Ajax» est utilisé maintenant à la place de l’accronyme initial «AJAX», le principe ayant été généralisé…]] a popularisé deux changements majeurs dans la compréhension de ce que l’on peut faire avec du XHTML/CSS2/JavaScript :
- L’unité d’échange entre le client et le serveur n’est pas forcément la page entière. Il est ainsi possible d’échanger des petits flux d’information notamment suite à des évènements utilisateurs (touche pressée, sortie de champs…) comme en technologie client/serveur. Cela ouvre de nombreuses possibilités d’amélioration de l’expérience utilisateur sans aucun changement d’architecture : auto-complétion, glisser-déposer, édition en ligne des pages …
- Un navigateur peut agréger des informations provenant de plusieurs serveurs. Véritable claque au portail d’intégration, ce nouveau modèle d’architecture est validé à grande échelle par des acteurs tels que Netvibes et toute la démarche OpenAPI dans laquelle s’engage les leaders du Web (Google, Yahoo !, Flickr, Amazon …)
Ces changements s’accompagnent de nouvelles métaphores de présentation : le nuage de tags, les logos RSS … A ce titre, nous vous engageons vivement à vous inspirer des Design Patterns proposés par Yahoo ! qui cadrent avec bonheur la manière de concevoir ce type d’applications.
Standards et API ouvertes
Pas de Web, sans respect des standards d’usage. C’est encore plus vrai avec le Web 2.0 ! Et ces standards d’usage sont disponibles :
- XHTML et le microformats pour gérer des contenus structurés,
- JavaScript et Ajax pour gérer l’évènementiel des interfaces,
- RSS, Atom, XML, JSON comme format d’échanges,
- XML-RPC, SOAP et surtout REST comme protocole d’échanges
Au-delà de ces standards techniques, émerge une nouvelle approche architecturale bâtie sur le principe des OpenAPI. C’est au travers de ces API ouvertes que l’on va très simplement pouvoir demander au navigateur d’intégrer une carte GoogleMaps au sein d’une page de son site[Comme nous le faisons pour [situer nos agences…]], que l’on pourra gérer sa bibliothèque d’images Flickr depuis des applications spécifiques en assurant une gestion des droits fine. Le site de Flickr donne un très bon exemple de mise à disposition d’OpenAPI (documentation de qualité, multiples formats disponibles, etc., voir ce billet pour en savoir plus). Ce modèle d’OpenAPI devient une véritable option dans des contextes où l’on souhaite intégrer dans son intranet ou site Web les services « surfaciques » d’applications externes telles que l’accès à son solde de congés d’une application RH, l’accès à ses rendez-vous gérés dans la solution groupware maison (MS Exchange, Lotus Notes, Horde, etc.). Quand on connaît le taux d’échec des projets portail d’intégration et la faible maturité de standards (d’inusage) [JSR-168->http://fr.wikipedia.org/wiki/JSR_168], WSRP, on comprend qu’il est urgent de se pencher sur cette alternative.
Maintenant le socle Web 2.0 identifié, voyons les catégories d’applications que nous pouvons « poser » dessus.
1ère catégorie d’application Web 2.0 : L’environnement de productivité personnelle
Il s’agit ici de doter l’internaute de nouveaux moyens de consommer l’information, de possibilités de contrôle pour gérer sa réputation numérique ainsi que de facultés à participer activement au réseau.
Abonnement RSS : la première et la plus indispensable des pratiques. Les utilisateurs peuvent personnaliser leur mode de consommation de l’information tout en gérant leur classement automatique (chaque info est « rangée » dans le flux d’abonnement). A noter que RSS est de plus en plus utilisé au sein des applications pour remonter des informations (notification d’une nouvelle commande, envoi de rapport synthétique, etc.). Aujourd’hui, il existe de nombreux lecteurs de fils RSS stand-alone ou en ligne (Outlook 2007, Safari, Google NewsReader, etc.), le seul frein à l’adoption reste la formation des utilisateurs.
Les réseaux sociaux : La participation à ces réseaux permet aux individus d’être mis en relation par l’intermédiaire des personnes qu’elles ont acceptées dans leur premier cercle. De multiples réseaux existent, aussi bien dans le domaine professionnel (LinkedIn, 6nergies, etc.) que dans le domaine privé (SuperLov (ex Friendset), Last.fm, etc.).
Les blogs : Cette pratique va permettre de satisfaire le besoin d’estime que ressentent certains internautes. Ils peuvent passer du statut de lecteur à celui de rédacteur. Hormis les blogs d’expertise (positionnement que nous avons retenu pour celui de Clever Age), l’intérêt reste néanmoins très limité à l’échelle de l’entreprise, voire même dangereux (validation des écrits, perte d’identité commune, dispersion des contenus …).
La réputation numérique : Partout nous laissons des « traces » nous concernant sur Internet (notation eBay, réactions dans des forums de discussions …). Il devient de plus en plus utile de pouvoir contrôler sa réputation sur le Web. Des services tels que 6nergies me permettent de garantir un certain contrôle sur mon identité numérique. Dans la copie d’écran ci-dessous, une recherche Google sur « Frédéric Bon » ramène comme premier résultat une page 6nergies dont j’ai la maîtrise : j’y ai rédigé le descriptif de mon parcours, accepté les témoignages déposés sur mon compte que je souhaite rendre publics …
A l’inverse, lorsque je souhaite réaliser une transaction eBay, valider un candidat à un poste Clever Age, … je dispose de multiples indicateurs de réputation numérique qui sécurisent mes choix.
La seconde partie de cette chronique décrira les deux autres catégories d’applications Web 2.0 : les réseaux d’intérêt et les plateformes applicatives. Nous conclurons cette chronique en deux parties sur les lacunes actuelles du Web 2.0. A bientôt donc pour la suite.
Nicolas Steinmetz
19 février 2007
Attention à la notion d’OpenAPI : le fait qu’il y ait des API disponibles et ouvertes au monde pour être utilisées, ne doit pas faire oublier le lien de dépendance que l’on crée avec l’application et qu’on ne contrôle pas forcément ce morceau de la chaine (ni les données associées). Attention donc aux mauvaises surprises (fin de service, modification d’API, etc)
Il ne faut donc pas confondre le « open » d’OpenAPI avec le « open » de « open source » par ex.
Robi
19 février 2007
Avec de l’Open Source aussi tu as une certaine dépendance : Si la communauté de ton outils (cms ou autre) s’éteind et que tu n’en touches pas une en programmation, tu l’as aussi dans l’os! ;-)
Nicolas Steinmetz
20 février 2007
Robi : certes mais avec un logiciel open source, tu as le logiciel sous la main que tu peux maintenir ou laisser en l’état. Le service fournit par ce logiciel continuera à être assuré, même si le logiciel n’est plus maintenu.
Avec les API, rien n’est moins sur !
mickael
1 mars 2007
Robi : et si tu as un logiciel open sources, tu peux toujours mandater quelqu’un qui s’y connait pour adapter le logiciel à tes besoins… le pouvoir est entre tes mains.
De plus, en règle générale, dans les logiciels open sources, on utilise également des standards ouverts pour stocker les données, ce qui veut dire que : même si le logiciel n’est plus maintenu, il plus facilement possible de migrer vers une autre solution.
Giraultises
11 mai 2007
Une superbe présentation / résumé. Vivement la suite ;-)
Merci!