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Drupal : au sommet de sa gloire ou juste le début de la popularité ?

L’outil de gestion de contenu Drupal a clairement le vent en poupe en ce moment. Quelles sont les raisons de cette popularité ? L’engouement pour ce produit va-t-il perdurer ?



Google ([Measurement Lab (M-Lab)->http://www.measurementlab.net/]), le gouvernement américain (recovery.gov), Sony Music via les sites de P!nk, Beyonce, Britney Spears, John Legend, Kelly Clarkson et The Fray, Brico Dépot, jQuery, et la liste pourrait être encore bien longue : tous ces sites utilisent Drupal.

Pourquoi ce début de popularité ?

À mon sens, une des raisons majeures de la popularité croissante de Drupal vient du fait que Drupal est pensé de manière modulaire et extensible. Dans Drupal, tout est module. Les fonctionnalités de bases peuvent être étendues relativement facilement, ou même complètement surchargées.

Cette caractéristique technique, alliée à la disponibilité d’une plateforme d’hébergement des modules contribués a permis à Drupal de se constituer rapidement une importante communauté d’utilisateurs.
On compte aujourd’hui plus de quatre mille modules contribués au projet (toutes versions de Drupal confondues).

Dries Buytaert, l’initiateur du projet Drupal a très bien résumé cela lors de la dernière conférence Drupal : « Built by everyone, controlled by no one, … and it actually magically works. Drupal is like the Internet ». En français : « Construit par tous, contrôlé par aucun … et ça marche magiquement. Drupal est comme Internet ».

Ainsi, Drupal peut aussi bien être considéré pour :
– créer un simple site délivrant du contenu (avec des pages statiques, des actualités, etc.)
– gérer un site communautaire (nombre de contributeurs important disposant d’un espace, et ayant le droit de créer plusieurs types de contenu par exemple),
– propulser un ou plusieurs blogs
– voire même un site permettant d’enregistrer et partager des conversations vidéos (12seconds.tv).

On trouve aussi de nombreuses versions « spécialisées » de Drupal, comme CiviCRM, un outil de gestion de la relation client dédié aux [?ONG|Organisations Non-Gouvernementales].

Il faut tout de même nuancer cela : la masse d’informations, de modules, de possibilité d’extension du noyau de l’application peuvent vite se révéler écrasante.

Drupal va-t-il continuer à fonctionner magiquement au fur et à mesure de la sortie de nouvelles versions (qui sortent d’ailleurs à un rythme très soutenu) ?

Drupal a-t-il déjà atteint un pic de popularité ou bien n’en est-il qu’au début de son ascension ?

Est-ce parti pour durer ?

Microsoft a récemment décidé de promouvoir Drupal, en l’ajoutant à sa galerie d’applications Web. Drupal gagne là un public de services informatiques exploitant des plateformes Microsoft, alors qu’il était jusque là limité à des déploiements au sein d’environnements [?LAMP|Linux Apache MySQL PHP].

Comme évoqué plus haut, la communauté d’utilisateurs de Drupal participe activement à son développement par le biais de la création de module. Ce n’est toutefois pas son unique rôle. Loin de là. Nombreux sont les utilisateurs aidant au déboggage des versions en cours de développement. Encore plus nombreux sont ceux qui participent activement aux débats visants à décider de l’orientation des développements de l’application.

Le développement de Drupal se fait de manière particulièrement collaborative et démocratique. Les versions successives de l’application sont réellement le fruit du travail de la communauté.

Dries Butyeart et son équipe ont annoncé que le code de Drupal 7 – prochaine itération majeure du produit – sera figé le 1er septembre 2009.

Cela signifie que la communauté ne pourra pas rajouter ou proposer de nouvelles fonctionnalités après cette date, mais cela ne veut pas dire que Drupal 7 sortira à cette date. La philosophie des dirigeants du projet est de sortir une nouvelle version « quand elle est prête ». C’est-à-dire quand le nombre de bogues critiques est nul.

La liste de ces bogues est disponible et tout un chacun est invité à aider à leur correction, dans le but d’avancer la date de sortie de la prochaine version.

Perspectives

Drupal 7 va apporter des nouveautés très intéressantes.

À commencer par un gros travail sur l’ergonomie des interfaces. Un designer de premier rang, Mark Boulton a été engagé par l’Association Drupal pour chapeauter la communauté lors de ce travail de refonte ergonomique. Ce projet est connu sous le nom de Drupal7UX

Une critique récurrente faite à Drupal est qu’il ne propose pas nativement d’éditeur de texte riche. Drupal 7 n’intégrera toujours pas d’éditeur de cette sorte mais mettra à disposition une API permettant l’intégration robuste d’éditeurs de texte riche tiers. Ceci est un bon exemple de la philosophie de Drupal.

Enfin, l’indispensable module Content Construction Kit (plus connus sous le nom de CCK) va enfin se voir intégré au cœur de Drupal. Ce module permet de définir et d’exploiter programmatiquement des contenus structurés au sein de l’application.

Encore une fois, seule une API sera mise à disposition nativement, les interfaces visuelles resteront fournies par des modules tiers. À très court terme, cette intégration va permettre de pouvoir exploiter des champs personnalisables sur tous les types de contenus Drupal (utilisateurs, blocs, etc) et non plus seulement les nœuds de contenu.

Bref, si Drupal a le vent en poupe, c’est bien parce que sa philosophie est de laisser une totale liberté aux utilisateurs, leur permettant de mener leur barque là où ils le souhaitent.

8 commentaires

  1. Ayant récemment fait le choix de Drupal pour le développement d’un site web (le premier pour lequel j’utilise un CMS plutôt qu’un framework PHP tel que Zend Framework ou Symfony), il est vrai que je suis assez impressionné des possibilités offertes par ce CMS.

    Je note toutefois qu’il me faut installer un grand nombre de modules (tels que Views, Panels, etc.) pour les besoins que j’ai et que l’on est alors un peu écrasé par les possibilités, ayant du mal à décerner ce qui est essentiel pour le fonctionnement du site. Je ne suis d’ailleurs pas encore sûr de pouvoir facilement implémenter les fonctions spécifiques au site.

    Petit bémol : l’interface administrateur (qui devra pouvoir être utilisée par des non-informaticiens) est un peu complexe, bien plus que celle de WordPress (certes plus orienté blog) qui est impressionnante : installation et mise à jour automatique des modules et de WordPress lui-même, menus déroulant, etc.

    Vous n’avez pas comparé dans votre article Drupal à d’autres CMS, en particulier Joomla. Ce dernier a-t-il des avantages par rapport à Drupal ?

  2. Cyril Gravelier

    La philosophie de Drupal est de laisser à l’utilisateur/administrateur le choix, et donc de le laisser libre du fonctionnement qu’aura Drupal. Voilà pourquoi il y a un certain nombre de modules à installer.

    En ce qui concerne des fonctions spécifiques, c’est très simple, un fichier dans le thème est prévu à cet effet (template.php). Et pour des choses un peu plus spécifiques, le développement d’un module est à envisager.

    Il est vrai que le back-office de Drupal est assez déroutant au premier abord. Mais, je reste convaincu que, pour quelqu’un n’ayant pas d’habitude sur des outils tels que WordPress ou d’autres blogs/ cms, et en limitant l’accès à certains liens pour les contributeurs, ceux-ci s’y retrouveront.

    Enfin, à mon avis Joomla est beaucoup moins modulaire que ne peut l’être Drupal. Joomla possède un joli back-office avec de gros boutons, cependant les possibilités d’extension des fonctionnalités de Joomla restent limitées. Joomla ne possède pas, non plus, de typage de contenu souvent utile, et il est impossible de rattacher un contenu Joomla à plusieurs « catégories ».
    Joomla est un bon CMS si on ne lui en demande pas trop : si on reste dans ces fonctionnalités standards (très limité). Mais on arrive très vite à ses limites. Drupal est beaucoup plus modulaire : on peut en faire ce qu’on veut.

  3. Yannick Verryn-Forer

    Drupal est à ce jour le projet de cms purement open source qui en respecte le plus la philosophie, je ne le considere pas techniquement comem etant le meilleur mais la philosophie de sa communauté et celle de l’application en elle même e fait l’une des meilleurs accelerateurs de projets web du marché… site corporate, marchand, communautaire, média/publication ou une combinaison de ces différents genres… Il s’adapte…

    A souligner aussi que pour des entreprises du style web agency (cfi-web, mediasmart) ou ingénieurie web (clever, adyax ou ap2s) il est interessant de constater que faire monter en compétence un developpeur php qui n’a qu’un experinece tres limitée de cet outil est assez aisée, la courbe d’aprentissage pour rendre opérationel un développeur est tres looin de la verticale…

  4. Drupal n’est pas vraiment nouveau, ca fait depuis 2006 qu’il se démarque parmi les CMS les plus utilisés (en France)
    http://www.google.com/trends?q=drupal%2C+spip%2C+typo3

    Une petite overview des fonctionnalités et back-office ainsi que quelques best practices seraient bienvenus.

  5. Frederic Bon

    Notre fiche produit (de la version 4.7 en revanche) décrit Drupal:
    Lire la fiche produit

    Ainsi qu’un retour d’expérience sur l’outil.

  6. Fabien Crépin

    Bonjour,

    intéressant article.

    Cela fait 10 ans que j’ai utilisé un CMS pour la première fois, il y a quelques années je m’étais intéressé de loin à Drupal, mais en version 3 ou 4 il ne me paraissait pas assez mature et ses concepts ne m’avaient pas séduit. A tort!

    Aujourd’hui, j’y suis revenu depuis 6 mois après m’être penché pas mal sur et dans Joomla et quelle agréable redécouverte ce fut avec la version 6! Entre temps, j’ai testé Typo3 qui fut une déconvenue et que je ne pourrai pas installer pour des clients dilettantes en informatique.
    Là où il m’aurait fallu des semaines pour développer un site les mains dans le cambouis, en quelques heures ce fut possible grâce à CCK et Views, et sans même travailler le code (sauf pour le templating, mais c’est annexe). La classification via les taxonomies autorise également des organisations complexes, impossibles à réaliser notamment avec Joomla (pour un site de cuisine et la classification des recettes, Drupal est au top).

    C’est sûr qu’il n’y a pas les gros boutons, mais au moins l’esthétique du backend est uniforme et on a des repères. Avec DHTML Menu et Administration Menu, il est ensuite très rapide de naviguer.

    Si Joomla convient bien à des petits projets sans forte charge attendue, Drupal ne joue pas dans la même cour à mon avis. Et on n’a pas fini d’en entendre parler : quand l’automatisation des mises à jour arrivera notamment.

    Fabien Crépin

  7. Drupal est à l’image de l’adage : « les racines sont amères mais le fruit est doux »

  8. J’ai investi dans Drupal pour voir jusqu’où on peut aller avec, et finalement c’est un beau produit, mais les limites sont aussi vite atteintes, contrairement à la réputation de « modulaire » que beaucoup utilisent pour masquer ses faiblesses intrinsèques.

    Première faiblesse, le manque d’attractivité visuelle. Un site Drupal se reconnait au premier coup d’oeil, il est fait en colonnes bien apparentes, et manque d’images dans les articles. C’est vrai aussi pour les deux autres CMS en lisse (WordPress et Joomla). On est plus dans le blog avec l’illustration unique en tête, que dans le magazine qui offre des articles illustrés avec soin. Tous les articles se ressemblent, du texte, du texte, des « lire le reste de l’article », des « laissez votre commentaire », etc, déjà vus et revus, ce que j’appelle « du document surgelé ». Illustrer, même avec les modules comme IMCE, c’est la galère, sans parler des failles de sécurité que ça introduit. Ceci est d’ailleurs une bonne illustration d’un procédé qui rend le produit inadapté pour des utilisations sérieuses. Dans le cas présent, n’importe qui peut faire le tour des fichiers du serveur si le créateur n’est pas un expert sachant boucher les trous introduits par la fonction « browse » qui permet à IMCE d’ajouter des images aux articles. Ce problème est mentionné dans la doc du module, un peu comme si on vous disait sans éclater de rire à la station service: « pour votre information, quand vous payez avec la carte bleue, on mémorise votre code pin automatiquement ».

    Deuxième faiblesse, le manque de sécurité. Les utilisateurs se logguent avec des mots de passe, car n’importe qui ne peut faire n’importe quoi. Mais les mots de passe sont transmis… en clair, on croit rêver. Le ver est introduit dès le départ. L’utilisateur système « User 1 » a tous les droits, impossible de le supprimer ou de le renommer pour compliquer ne serait-ce qu’un tout petit peu la tâche des pirates.

    Troisème faiblesse, l’apprentissage sans fin pour démarrer. On aurait tord de croire qu’utiliser un CMS (content management system) permet d’ignorer comment fonctionne un serveur web et les applications qui vont avec. La première tâche qui consiste à sécuriser l’environnement est à faire en dehors du CMS, mais ça signifie apprendre en plus du mode d’emploi du CMS (et des nombreux modules qu’il faut bien lui ajouter pour le faire fonctionner décemment) le mode d’emploi de Apache (serveur web), de mySql (base de données pour stocker les articles et le reste), de Php (langage de création dynamique, nécessaire pour modifier le thème, c’est à dire le skin), plus Javascript et Perl éventuellement. Installer LAMP ou WAMP qui sont des packages contenant le socle sur lequel s’appuiera le CMS est déjà une tâche rebutante en soi, tellement les paramètrages sont disparates et obscures: les fichiers de configuration sont éparpillés partout, voire copiés au lieu d’être déplacés proprement, laissant des copies inutilisées sur place, qu’on prend ensuite pour celles qui sont réellement actives mais situées ailleurs. De même le package xAMP s’installe avec les sécurités de base hors fonction.

    Qu’on ne se méprenne pas, Drupal 7 est produit éblouissant, mais ni fait pour une entreprise, ni fait pour un amateur éclairé (sans parler des amateurs tout court qui seront découragés dès le départ face à la dose d’info à aprendre).

    L’image qui me vient à l’esprit, c’est le mobile home avec du parquet, des tableaux de maitre aux murs, une terrasse suréquipée, un portail motorisé, des éclairages à détecteurs de mouvements pour faire des économies, etc, et qu’on voudrait faire admettre dans la catégorie des résidences bourgeoises.

    On sent qu’il y a une erreur de casting, tout comme Drupal qu’on ne peut utiliser pour construire un site web attirant, robuste et ayant « une patte ». Non, au mieux, si on fait l’effort nécessaire, on aura une collection d’articles de blog, au look de déjà vu, aux polices vaguement proportionnées, aux colonnage bien apparents, et très vulnérable, ceci au prix d’un bricollage sans fin. Ne faut-il pas directement investir dans l’apprentissage d’un éditeur web tel que Dreamweaver ? La question, même en tenant compte du prix, se pose dès l’instant qu’on pense que son site vaut mieux qu’un CMS tel que Joomla ou WordPress. Ma conviction c’est que s’il vaut plus que ça, alors il vaut plus que ce que donnera Drupal aussi.

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