Les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre reviennent à Bordeaux, 10 ans après leur création dans cette même ville. Cette onzième édition s’est déroulée dans la joie et la bonne humeur, et en pleine chaleur estivale, du 6 au 11 juillet 2010.
Petit retour sur la session Internet [que j’ai co-organisée->1123], à l’aide de Nicolas Perriault.
Le programme des RMLL est un bon point de départ, exhaustif, si vous n’avez pu vous rendre sur place.
_ Je me contenterai en effet d’aborder les conférences les plus marquantes, par l’innovation apportée ou la qualité de l’intervention.
Un automate de test côté client en JavaScript
Une approche intéressante de tests de qualité a été présentée dans le cadre du projet Opquast Reporting.
En résumant simplement, une personne (un testeur humain ou un navigateur Web scripté) navigue sur le site à tester, récupère une série de tests à effectuer, les exécute puis les renvoie vers le site Opquast
Cette solution dispose de 3 avantages importants :
– la possibilité de créer ses propres jeux de tests, et de les réutiliser de projet en projet
– une syntaxe de tests portable, fonctionnant à la fois en mode client (cet automate) et en mode serveur
– la charge de travail est déportée côté client ; allégeant ainsi au maximum celle du serveur de tests
L’automate fonctionnerait dans un premier temps en tant qu’extension XUL ; et serait totalement ouverte à d’autres supports (type GreaseMonkey), grâce à l’ouverture du code.
Un projet à suivre, et qui pourrait être très intéressant à recouper avec Tanaguru (voir ci-après).
– Résumé et présentation de la conférence « Un automate de test côté client en JavaScript »
KBaccess : base de connaissances sur les sites accessibles (ou pas !)
Tester l’accessibilité de son site Web nécessite de passer plusieurs pages au crible de plus de 300 tests. D’une part il est quasiment impossible de tous les mémoriser. Et d’autre part, certaines règles méritent d’être explicitées ou imagées par des exemples.
KBaccess est né de ce constat : réunir une base d’exemples afin de créer une base de données de cas concrets.
Il suffirait ainsi de trouver un exemple sur la Toile, de capturer la page via KBaccess (ainsi que tous ses médias associés : images, vidéos, CSS etc.) et de faire croitre la base d’exemples.
Simple mais efficace.
Tanaguru : logiciel libre pour rendre les sites web meilleurs !
Dans la lignée de KBaccess, Tanaguru est un autre logiciel libre dédié à la qualité des sites Web au travers de l’accessibilité.
_ Cet outil est destiné à tester automatiquement des critères de contrôles (type WCAG2) afin de faciliter et systématiser ces vérifications qualitatives.
Aujourd’hui, 30 % des règles du WCAG sont automatisées ; l’objectif à terme étant d’atteindre les 70 %.
Accessibilité pour les non-lecteurs
Une belle leçon d’humilité : alors qu’on associe encore trop facilement accessibilité à accès aux personnes handicaptées – en tous cas, en Europe ; en Inde, l’accessibilité est encore plus primordiale.
En effet, le pays dénombre pas moins d’un demi-milliard de personnes ne sachant pas lire. L’accès à l’Internet est donc un enjeu de taille.
Cette conférence a présenté un certain nombre d’axes d’amélioration, notamment au travers de WAI-ARIA pour aller dans le sens de la simplicité et de la praticité. Le but étant d’optimiser les performances de lecture des synthétiseurs vocaux, mais également de l’écriture via transcription vocale automatisée.
– [Résumé et présentation de la conférence « Accessibilité pour les non-lecteurs »->http://2010.rmll.info/Accessibilite-pour-les-non-lecteurs.html]
CMS Automne : goûtez la simplicité
Présentation intéressante d’un CMS toulousain en quête de communauté. Tout est entièrement basé sur HTML et XML tout en mettant l’accent sur la simplicité d’utilisation … et les performances applicatives.
– Résumé et présentation de la conférence « CMS Automne : goûtez la simplicité »
FTTH, Neutralité et déploiement des réseaux de demain
Cette conférence présentait l’état de l’art de la fibre optique en France, et ses modalités de déploiement. Les villes peuvent s’équiper à des coûts relativement faibles, surtout si on considère les apports de ce tuyau à tout faire (et rapide de surcroît).
Le gain est alors évident : l’infrastructure fibre devient la propriété de la ville, qui décide de l’exploiter ou d’en céder l’exploitation à opérateur.
– Résumé et présentation de la conférence « FTTH, Neutralité et déploiement des réseaux de demain »
MapOSMatic : des plans de villes pour tous
Ce projet permet de générer des cartes quadrillées, du type de celles qu’on peut trouver comme point d’information en différents lieux des agglomérations.
Le côté historique a de quoi déclencher un sourire : ce projet est simplement parti d’un hackfest, et a abouti au bout de 5 jours de travail entre geeks passionnés.
Différents aspects techniques ont été abordés, notamment les interactions entre toutes les couches de logiciels libres employés, d’OpenStreetMap, osm2pgsql, PostgreSQL, cairo, pango et mapnik.
La force du projet réside en 1400 lignes de code ; ainsi que l’utilisation de plus 600 000 lignes de code des autres briques logicielles.
– Résumé et présentation de la conférence « MapOSMatic : des plans de villes pour tous »
Gérer une communauté open source
Cette présentation nous était venue directement d’Allemagne, par un des organisateurs du Symfony Day.
La conférence était l’occasion de rappeler les pratiques de participation et que non, il ne fallait pas nécessairement être développeur ni proposer une ligne de code pour aider la communauté d’un logiciel à s’améliorer. Les idées compte, les corrections et les suggestions aussi.
Autant dire que ce sont des règles presque habituelles dans le monde de la communication, mais pas nécessairement pour des développeurs ou des personnes issues d’une formation informatique pure.
– Résumé et présentation de la conférence « Gérer une communauté open source »
Données libres : publier, enrichir et exploiter
La session Internet s’est clôturée sur Open Data avec une conférence ainsi qu’une table ronde ; toutes deux marquées par bon nombre de questions.
Si les différents participants et l’assistance s’accordaient sur l’intérêt de partager de la donnée, finalement, le gros du sujet s’est axé sur les problèmes de licence. Où comment Creative Commons n’est pas du tout adaptée au droit des bases de données. Et où comment Open Data Commons pourrait y trouver un gros intérêt.
Cette mouvance est également à raccrocher au wagon politique, en permettant, pourquoi pas, d’apporter de la transparence dans la communication publique et politique.
– Résumé et présentation de la conférence « Données libres : publier, enrichir et exploiter »
– Résumé de la table ronde « Open Data : libérez les données ! »
Conclusion
Le public des RMLL est varié au possible : techniciens, personnes souhaitant se mettre à niveau, amateurs de logiciels libres et quelques décisionnels bien cachés.
Cela a probablement dérouté certains conférenciers, certains ayant mieux réussi que d’autres à considérer le public et à s’adapter en conséquence.
Le rythme était soutenu (la plupart des conférenciers ne disposait que de 20 minutes pour exposer leurs idées) mais a offert une variété de sujets, du plus commun au plus cocasse (qui a dit Weboob ?).
Le côté rencontres a en tous cas primé : échanges mutuels entre conférenciers et public, globalement réceptif et bien éduqué. Peut-être un peu moins intéressé dès que les conférences étaient en anglais, et tenues par des personnes peu connues du monde francophone.
Prochain rendez-vous : Strasbourg, en juillet 2011.