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Présenter ses données géoréférencées avec CartoDB

Il y a quelques années, Google a démocratisé la consultation de données géoréférencées avec Google Maps et Google Earth. Aujourd’hui de nombreuses solutions de cartes interactives sont disponibles. Simple exemple avec CartoDB.

Introduction 

Le terme « géoréférencé » est encore assez original pour de pas être intégré dans tous les bons correcteurs orthographiques … Disons simplement que les données que nous consultons et manipulons quotidiennement (courriels, articles, images, vidéos …) peuvent être qualifiées de géoréférencées si elles sont porteuses de métadonnées qui permettent de les situer dans l’espace. Une exploitation basique de ces métadonnées permettra par exemple d’indiquer au lecteur : « cet article a été écrit à Paris » et d’afficher sur la page de l’article une carte centrée sur Paris. Une utilisation plus poussée des métadonnées autorisera la construction de cartes bien plus riches de sens.

De nombreuses solutions permettent aujourd’hui de proposer des cartes interactives aux internautes. Certaines comme Google Maps sont utilisables par le plus grand nombre et déjà largement exploitées. D’autres nécessitent des compétences techniques plus importantes. C’est le cas d’OpenLayers et de Leaflet par exemple.

Dans cet article, nous allons vous montrer comment créer rapidement une carte simple en utilisant CartoDB, le service libre et alternatif de la société Vizzuality.

La solution CartoDB

CartoDB est une solution open source. Le code source de CartoDB est disponible sur Github. Le projet s’appuie sur le framework Ruby on Rails et sur JavaScript. Il utilise entre autres Postgres et PostGIS pour stocker les données manipulées.
D’un point de vue fonctionnel, l’outil est simple et accessible. Il offre néanmoins des interfaces qui permettent à un développeur d’aller un peu plus loin, sans toutefois avoir à se spécialiser dans la manipulation d’informations géoréférencées.

En fonction des besoins et des moyens, l’outil peut être utilisé en mode SaaS ou installé sur son propre serveur.

Préalable

L’objet de cet article étant de créer une carte rapidement, nous nous épargnerons l’installation de CartoDB et l’utiliserons en mode SaaS. Pour cela il faut créer un compte sur le site de CartoDB. Une fois le compte créé, l’utilisateur authentifié dispose gratuitement de 5 tables et 5 Mo de données pour tester le service.

Les données à présenter

Depuis quelques mois, la France et ses régions se lancent dans le mouvement de libération des données publiques. Il y a fort à parier que de nombreux services exploitant ces données vont voir le jour. Dans l’immédiat, ces données publiques vont nous aider à construire une carte.

Vous vous demandez peut-être s’il y a des réserves biologiques [Une réserve biologique est un espace protégé en milieu forestier ou en milieu associé à la forêt (landes, mares, tourbières, dunes). Ce statut s’applique aux forêts gérées par l’Office National des Forêts et a pour but la protection d’habitats remarquables ou représentatifs. Les réserves biologiques font partie des espaces relevant prioritairement de la Stratégie de Création d’Aires Protégées mise en place actuellement. Selon les habitats et les orientations de gestion, on distingue les réserves biologiques dirigées, où est mise en place une gestion conservatoire (relevant de la catégorie IV de l’UICN) et les réserves biologiques intégrales où la forêt est laissée en libre évolution (pouvant relever de la catégorie Ia de l’UICN).]] près de chez vous ? Nous allons vous aider à répondre à cette question en construisant la carte des réserves biologiques de métropole.

Pour commencer, télécharger [les données relatives aux réserves biologiques de métropole produites par l’Office National des Forêts sur data.gouv.fr. Les données contenues dans le fichier compressé sont au format shape, très répandu dans le domaine de l’information géographique.

En vue de l’intégration des données dans CartoDB, renommez le fichier téléchargé en supprimant « -fr.SHP ». Vous obtenez ainsi le fichier ONF_RB_2011_Officielles_L93.zip.

Intégration des données

Identifiez-vous sur le site de CartoDB afin de créer une nouvelle table (selon la terminologie CartoDB). Très simplement, un formulaire vous permettra d’injecter vos données dans l’outil :

Pour consulter les données sur la carte, cliquer sur l’onglet « Map » et sélectionner les données à afficher à l’aide de la requête SQL suivante :


SELECT llib_rb FROM onf_rb_2011_officiel

Les données apparaissent alors sur la carte sous forme de polygones. Il est possible de changer quelques critères de base tels que le fond de carte utilisé, la couleur des polygones, les champs à afficher au clic sur un polygone, …

Exploitation de la carte

La carte nouvellement créée peut être rendue publique afin d’être intégrée à un site tiers au moyen d’une iframe, comme présenté ci-dessous.

La solution CartoDB est intéressante dans la mesure où elle permet de proposer des cartes rapidement, sans se priver de fonctionnalités de plus haut niveau que nous vous laissons le soin de découvrir par vous-même : édition des polygones, utilisation de CSS pour les thèmes (voir aussi Tillmill de Development Seed), une API REST pour les développeurs …

Nous avons vu ici comment créer rapidement une carte avec l’outil CartoDB. La première version stable vient de sortir et l’équipe voit arriver le développeur du nouveau modèle topologique de PostGIS. Le service n’en est qu’à ses balbutiements et ne demande qu’à évoluer…

Conclusion

Les outils de gestion de l’information géographique se démocratisent !

Lors d’un entretien, Éric Mauvière (Geoclip), qui conçoit des services utilisés notamment par l’INSEE, a différencié le rôle majeur que joue la cartographie statistique dans les systèmes décisionnels d’une utilisation peut-être plus anglo-saxonne de la cartographie limitée à la représentation.

Par ailleurs, Henri Pornon, dans un livre consacré à la dimension géographique du système d’information, propose un retour d’expérience sur la difficile articulation entre les outils de visualisation de l’information géographique et les composantes plus classiques du système d’information décisionnel de l’entreprise.

Quelle que soit la culture de l’entreprise, les deux mondes géomatique et informatique convergent nettement aujourd’hui. Si des sociétés se spécialisent dans la manipulation et l’exploitation des données géographiques (géo-marketing, géo-statistique, …), les outils se démocratisent (PostgreSQL, PostGIS, Leaflet, Mapnik par exemple) et les données se normalisent (voir la directive INSPIRE).

Il est maintenant possible d’intégrer facilement cette dimension spatiale dans vos systèmes en recourant à des outils moins spécialisés et plus accessibles qu’auparavant.

Liens

4 commentaires

  1. Christophe MONNIER

    Bonjour,

    merci pour cet article intéressant.

    Avez-vous connaissance de projets OpenSource (ou propriétaires)reliant à la fois des outils comme CartoDB (ou autres solution de carte Google / Bing / …) et des données publiques (OpenData) « prêtes à l’emploi » , c’est dire déjà préparées pour être présentées dans les cartes (et surtout remises à jour régulièrement à partir des référentiels publics) ?

    Votre exemple des réserves naturelles est intéressant mais peut-on trouver des plates-formes ouvertes de cartographie pré-alimentées par des données publiques relatives aux écoles, aux crèches, aux hôpitaux, au bureau de poste, aux parkings publics, etc. Pour un usage public ou marchand ?

  2. Nicolas Ippolito

    Bonjour,

    Merci pour votre message.

    Le mouvement de libération des données publiques est assez récent en France (http://www.data.gouv.fr/) ; il y a beaucoup d’émulation et beaucoup de projets. Les services du premier ministre avaient lancé une plate-forme d’échange pour connecter les acteurs autour de ces sujets (http://www.etalab.gouv.fr/pages/presentation-6371441.html).

    À noter également, un projet majeur de cartographie collaborative en ligne qui propose des données accessibles publiquement : http://openstreetmap.fr. Une émission de la chaîne de télévision Arte présente bien le concept : http://ddc.arte.tv/emission/cartographie-2-0.

    Aujourd’hui, les moteurs de recherche des principaux services cartographiques en ligne seront capables de vous proposer des résultats pour des recherches de type « crèches montpellier », « hopitaux paris », …

    C’est vrai que la source (les métadonnées) et la mise à jour des données sont toujours des sujets majeurs et souvent une contrainte technique importante pour les projets de cartographie en ligne.

  3. et où positionnez-vous Geoconcept? dans la liste des « outils » comme PostGIS? Quelle complémentarité entre une appli comme Geoconcept et les solutions citées dans l’article?

  4. Nicolas Ippolito

    Il faudrait faire une étude sur les solutions de type « desktop » comme Geoconcept, ESRI, MapInfo, QGIS ou autre… Geoconcept se connecte sans doute sans problème à une base de données PotgreSQL/PostGIS ; il est toujours possible de gérer la complémentarité d’un SI « métier » avec ce type de solution qui s’adresse peut-être plus à des spécialistes géomaticiens.

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