Sud Web, petite sœur de Paris Web, est la conférence itinérante des travailleurs du Web. Elle a lieu chaque année dans une nouvelle ville du Sud de la France et est organisée par une dizaine de bénévoles (qui font un boulot titanesque). Le fil rouge c’est le désir d’échange et de partage autour des métiers du Web. Pour cette 6e édition c’est la ville de Bordeaux qui a accueilli l’évènement : capitale du vin rouge, des cannelés et des chocolatines.
Jour 1 : les conférences
La première journée est traditionnellement dédiée aux conférences. Elles ne sont pas toutes de la même durée, il y a 3 formats : 5, 10 et 30 minutes. Cela permet d’évoquer plus de sujets et de découvrir ou redécouvrir plus d’orateurs et d’oratrices. On notera d’ailleurs que Sud Web a une bonne représentation de la gent féminine que ça soit sur scène, dans le staff ou dans le public et c’est une très bonne chose !
Voici un retour sur nos conférences coups de cœur.
Mon pire client a cinq ans (Boris Schapira)
Un joli retour d’expérience sur le changement de vie lorsqu’on devient père et en quoi cela change la vision de son métier. Il ne s’agit pas seulement d’être plus patient, plus compréhensif, plus pédagogue mais surtout de faire encore plus preuve d’empathie. On retiendra qu’être paternel ne signifie pas être paternaliste.
Les valeurs de LEGOTM (Thomas Gasc)
En 1973, la firme à la petite brique prônait fièrement que son jeu était unisexe, qu’une fille pouvait tout aussi bien qu’un garçon jouer avec un vaisseau spatial. Et pourtant, en 2016, on a désormais des boîtes roses pour les filles et bleus pour les garçons. En 1973 toujours, on laissait l’enfant construire librement son jouet. Désormais, on à une notice détaillée, étape par étape. En 1973, on laissait l’enfant se créer une histoire autour de son jouet. Désormais Lego vend un livre avec des histoires déjà écrites. C’est un bien triste constat. Où sont passées nos valeurs d’antan ? Un rappel qui arrive à point nommé pour rappeler aux marques que l’hyperpersonnalisation de l’expérience client doit se faire de manière responsable.
Chère donnée (Stefanie Posavec)
Stefanie nous a fait découvrir son merveilleux projet : dear-data.com. Elle a échangé pendant 52 semaines, avec une correspondante, des données personnelles comme par exemple : combien de fois dans la journée a-t-elle ri ? bu ? était-elle en colère ? passait-elle du temps avec ses proches ? Le tout devait tenir sur une carte postale avec, au recto, un schéma des données, très graphique, esthétique mais incompréhensible et, au verso, la légende pour comprendre ce schéma. C’est une manière ludique de collecter des données sur soi mais c’est aussi un excellent outil pour avoir une vision globale de son comportement et / ou de ses actions sur la durée. Enfin, cela rappelait que la donnée n’est pas nécessairement quelque chose de froid et de factuel : elle peut être porteuse d’émotions et de souvenirs.
The Bus Factor (Laurence Vagner)
Au menu des gifs animés rigolos et surtout des astuces pour réduire le “bus factor”. C’est le fait qu’une seule personne ne doit pas concentrer tout le savoir d’une équipe car si, demain, elle se prend un bus, alors on perd la personne (et ça, c’est triste) mais aussi le savoir (et ça, ça peut couler aussi le reste des personnes). Pour éviter ça il faut documenter, partager les connaissances et simplifier les procédures. Nous devons nous efforcer de réduire le bus factor pour qu’il ne soit plus égal à une personne mais plutôt deux ou trois voire, dans l’idéal, encore davantage !
Code & Travail (Rachel Saada)
Nous sommes presque tous salariés, à un moment de notre vie, et pourtant dans notre parcours scolaire nous avons rarement eu des cours sur le code du travail. Or détenir l’information, c’est détenir le pouvoir. On parle également souvent de charges sociales mais peu de cotisations sociales. Pourtant, ce sont les cotisations sociales qui nous permettent d’avoir une solidarité nationale. Et là aussi, on ne sait pas forcément, dans les détails, à quoi correspondent ces cotisations, qu’elles soient d’ailleurs salariales ou patronales (et ce que ça change, ou pas).
Nous retiendrons également qu’il ne faut pas être le client ou le concurrent de son collègue. Il faut coopérer et travailler ensemble, tout de suite, maintenant.
Au cœur des Panama Papers (Matthew Caruana Galizia)
Qu’est-ce que l’ICIJ ? C’est le consortium international des journalistes d’investigations dont les membres ont travaillé dernièrement sur les révélations des Panama Papers. Il s’agit de 400 journalistes d’investigation et seulement 3 profils techniques. Matthew est l’un d’eux et le gros de son travail est de faciliter la recherche d’information aux journalistes pour qu’ils puissent se concentrer sur l’investigation et travailler de manière collaborative dans un environnement totalement sécurisé, qu’il s’agisse d’un forum ou d’un système de discussion instantané. Les outils de Matthew ? Les mêmes que les nôtres : des moteurs de recherche à facette (Solr), des bases de données orientées graphe (Neo4J)… mais utilisés dans d’autres contextes que le e-commerce ou la communication.
Passion > Rémunération (Basile Simon)
Basile a réveillé le marronnier qui sommeille en chacun de nous : faut-il vivre de sa passion ? Il explique très librement que son travail à la BBC est alimentaire et ne déclenche pas en lui une passion dévorante. Alors que son projet personnel (Airwars) le passionne et lui permet de se sentir utile. Néanmoins, il mentionne une certaine complémentarité entre son projet professionnel et son projet personnel : chacun lui apporte ce que l’autre n’apporte pas.
Zero Waste (Mylène L’Orguilloux)
Saviez-vous que l’industrie textile jette au minimum 15 % de tissus à la sortie des usines ? Il existe une solution ou plutôt un concept : le zero waste. Il s’agit d’une technique, lors de l’élaboration du patron, qui permet d’utiliser la totalité de la matière première. Cela nécessite bien sûr quelques changements et adaptations mais c’est possible. Le petit bonus, c’est que chaque participant a reçu un “cable organizer” zero waste que nous avons pu finir d’assembler nous-même.
Jour 2 : les élaboratoires
Cette journée est consacrée aux ateliers. Le concept est simple : chacun peut proposer un sujet et ceux que ça intéresse se réunissent et échange autour de ce sujet. Il existe une seule loi : celle des deux pieds. Si un participant n’est pas entrain d’apprendre ou de contribuer, libre à lui d’aller dans une autre salle pour participer à un autre atelier ou bien en proposer un.
Pour débuter cette session Hélène Schapira, responsable RH, nous a expliqué quelques points du bulletin de paie. Il y avait plein de chose à apprendre sur toutes les petites lignes qui se trouvent entre le salaire brut et le salaire net. Comme par exemple la CET (contribution exceptionnelle et temporaire), créé en 1997, qui figure pourtant toujours sur notre fiche de paie. Pas si exceptionnelle et temporaire, au final.
Il y avait également une session proposée par Nicolas Guenin sur l’accessibilité et l’UX et comment réussir à sensibiliser en interne sur ces sujets. L’une des clés c’est de se rappeler que, derrière un site Web ou une application, il y a des utilisateurs, des vrais gens. On a tendance à l’oublier et penser à tort que l’on fait un site pour un client. Si on se recentre sur l’humain, l’accessibilité et l’UX ont pleinement un rôle à jouer.
Goulven Champenois et Marie-Cécile Paccard ont partagé un retour d’expérience sur le burn-out. C’est une réalité et la bonne nouvelle c’est qu’avec du temps, ça peut se guérir. On a tous un rôle à jouer en faisant preuve d’empathie et de bienveillance.
Il y avait également plein de conversation en off, des ateliers improvisés, des échanges informels et retours d’expériences tous plus intéressants les uns que les autres. C’est la vraie richesse de cette journée, permettre aux gens d’interagir entre eux.
Une conférence qui fait du bien
Sud Web est une conférence atypique dans le milieu du Web et j’invite tout le monde à participer au moins une fois à une édition. Cette édition était, actualité oblige, très orientée vers la place du travail dans notre vie mais il ne faut pas y voir une tendance de fond. Sud Web est ce que les gens y apportent. On y apprend beaucoup, on échange beaucoup et on rencontre plein de gens passionnés et passionnants.
Vivement Sud Web 2017 !