Cela fait plusieurs années que le marché s’interroge sur l’avenir de Demandware. Le rachat, il y a trois ans, d’Hybris par SAP (Hybris est, avec Magento, un des concurrents frontaux de Demandware sur de nombreux deals) avait renforcé l’idée que Demandware ne tiendrait pas longtemps seul. D’autant plus que Demandware a la mauvaise habitude de multiplier ses pertes par deux tous les ans. Il a tout de même fallu du temps pour qu’un des prédateurs pressentis (on pariait sur Salesforce ou Adobe depuis plus de trois ans) sorte le chéquier : 2,8 milliards de dollars (près de 12 fois le chiffre d’affaires).
Le montant déraisonnable est à l’image du deal. C’est bien un gros coup que tente Salesforce, qui bénéficie d’une dynamique très forte sur le CRM et le marché des plateformes marketing. L’ajout du périmètre e-Commerce apporté par Demandware permet à Salesforce de devenir un des rares « one-stop-shopper » omni-canal du marché (il manque tout de même encore quelques briques telles qu’une solution PIM/DAM, des solutions d’encaissement…). En concurrence directe de Salesforce, Oracle et SAP ayant effectué leur shopping plus tôt, n’ont pas profité de leur avance en tardant à intégrer leurs rachats et en oubliant d’être à l’écoute de leurs clients et intégrateurs.
Les intégrateurs, c’est justement un des challenges pour le couple Demandware/Salesforce. Ils vont devoir apprendre à laisser de la place à cet écosystème indispensable à la réussite des projets et s’assurer de proposer une variété suffisante d’intégrateurs de qualité (point faible historique du jeune couple). Deux pure players qui se marient c’est toujours un signe de vitalité de notre secteur. En espérant que ça ne se termine pas en rachat par Microsoft comme le bruit a longtemps couru au sujet de Salesforce.
Reste le cas Adobe… qui doit, se sentir un peu seul aujourd’hui.