Le 4 avril dernier, l’association Toulouse Dataviz remettait les prix de son deuxième concours annuel de datavisualisation. Cette discipline, déjà ancienne, exploitée bien avant la naissance de l’informatique (voir les travaux de Charles Minard, un des pionniers de la visualisation de données… au XIXe siècle !) vise à montrer et expliquer les informations cachées dans des jeux de données volumineux et/ou complexes.
Cette année, l’Hackaviz était hébergé par le Conseil départemental de la Haute-Garonne, dans son Pavillon République. Un lieu confortable, bien équipé et spacieux !
J’ai eu l’honneur de représenter Clever Age, partenaire de l’événement, lors de cette soirée. Voici ce que j’en ai retenu.
L’Hackaviz, c’est quoi ?
Le principe de l’Hackaviz est simple : un jeu de données est fourni et les candidats ont 10 jours pour raconter une histoire à partir des informations qu’ils y trouvent. Bien sûr, les contributions doivent obligatoirement comporter des visualisations de données, mais chacun est libre de les intégrer dans le support qu’il souhaite, avec d’autres contenus qui servent l’approche et le discours.
La qualité graphique d’une visualisation n’est pas le seul critère de sélection. La démarche d’analyse et de synthèse compte bien plus aux yeux du jury. C’est ce qui rend la datavisualisation utile, avant d’être agréable à regarder.
Cinq prix sont remis : Grand Prix, 2e Prix, Prix Spécial du Jury, Prix de l’Élégance, Prix de la Pertinence.
Cette année, une exposition très appréciée accompagnait la remise des prix. Elle comportait des supports pédagogiques sur les concepts et bonnes pratiques de la datavisualisation.
Au menu 2019, les déplacements domicile-travail en Occitanie
L’Hackaviz 2019 proposait un jeu de données sur les déplacements domicile-travail des habitants de la région Occitanie, construit essentiellement avec des données ouvertes (open data) provenant des sites data.gouv.fr, IGN et INSEE.
On y trouvait :
- des informations statiques sur les communes (position, superficie, nombre d’habitants et de ménages, nombre d’emplois, ventilation par catégories socio-professionnelles…) ;
- des informations dynamiques sur les déplacements (types de déplacements, distances parcourues, CO2 émis…).
Les données permettaient notamment de montrer les flux entrants et sortants entre les communes, un aspect qui a été largement exploité par les candidats.
Les gagnants de l’Hackaviz 2019
Le Grand Prix Hackaviz 2019 a été remporté par Tony Hauck, grâce à un travail très abouti. Sa carte animée des flux de déplacements quotidiens a capté l’attention de toute l’assistance pendant de longues minutes ! Elle reste simple à comprendre, tout en cumulant plusieurs aspects du jeu de données : temps, positions, itinéraires, volumétrie.
Sa carte des balances de déplacements montre d’un seul coup d’œil les “communes dortoirs” et celles qui captent les emplois.
Tony Hauck termine par une analyse fine de ses constats, comme la différence flagrante de profil socio-professionnel entre les déplacements sur l’agglomération toulousaine (cadres) et ceux du littoral méditerranéen (ouvriers et employés).
Tristan Guillevin empoche le 2e Prix avec une approche originale. Alors que les données faisaient la part belle aux déplacements en voiture, il s’est demandé si on pouvait les faire sans voiture ! Il s’est donc focalisé sur les “Potentiels sans voiture”.
L’outil qu’il propose est personnalisable. Chaque lecteur peut donc se projeter, selon sa pratique des déplacements. Grâce à cela, je me rends compte que 75 % des déplacements sont inférieurs ou égaux au trajet que je fais en vélo (10km).
Le Prix Spécial du Jury est attribué à une équipe : Nolwenn Lannuel et Sébastien Quinault. Le travail tient en une planche synthétique. Outre une belle représentation statique des trajets, on y apprend que Toulouse subit le rejet de 500 tonnes de CO2 par jour…
Le Prix de l’Élégance a été attribué à Mathilde Mousset. Son infographie présente très clairement les principales caractéristiques des données fournies, notamment le quasi-monopole de la voiture : 76 % de la population active, 20,3 millions de km… et 2735 tonnes de CO2.
Le Prix de la Pertinence revient à l’équipe d’Immediat (Vincent Dagneaux et Pierre Vincenot). On sent très vite le travail d’analyse et de synthèse de ces deux journalistes :
- un sujet précis (les villes désertées par les actifs) ;
- des informations factuelles et percutantes (“La moitié des communes perd entre 72 % et 100 % de leurs actifs” ou “Les plus pauvres travaillent à l’extérieur de leur commune”) ;
- des cartes et graphiques pour montrer les données essentielles.
Au-delà des gagnants, je vous conseille de regarder les autres travaux car il y a plein de belles choses dedans, faites en 10 jours de travail seulement !